10 ans plus tard: être à New York le 11/09/11

Ça faisait longtemps que j’y pensais: aller à New York pour le dixième anniversaire des attentats du 11 septembre 2001. Plusieurs se demandent pourquoi je tenais à y être. Ma réponse: simplement pour vivre cet événement de l’intérieur. Pas être uniquement spectateur à des centaines de kilomètres de là, mais être dans l’action. De plus, c’est dix ans plus tôt que j’avais découvert la ville qui était jusqu’alors inconnue pour moi. Alors c’était aussi une façon de célébrer mes dix ans de passion pour la mégapole américaine, passion qui ne cesse d’augmenter. Alors voici le récit de ma fin de semaine du 9-10-11 septembre 2011, à New York.
9 septembre 2011
Après une courte nuit de sommeil, le levé à 5h30 est rapidement arrivé. Une fois le cadran éteint et une douche rapide, mon partenaire et moi avons quitté mon appartement pour se rendre à l’aéroport de Burlington d’où décollera notre avion vers 10h45. Après un court arrêt dans un restaurant pour prendre un déjeuner rapide et un tout aussi court arrêt aux douanes – j’aurais vraiment cru que de dire à un douanier américain qu’on s’en allais prendre l’avion vers New York aurait semé une inquiétude, mais nada – nous sommes finalement arrivés à destination vers 8h. La sécurité n’a été qu’une formalité et nous étions dans l’aéroport, prêts à patienter. Nous avons discuté avec une dame qui travaille dans un petit café de l’endroit et elle nous racontait comment sa vie a changé suite au 11 septembre 2001 (et après beaucoup d’autres ennuis qui n’ont aucun rapport, mais on était là alors on l’a écouté…). Déjà, je sentais que ce voyage serait particulier.
Une fois à bord de l’avion, ce fut inévitable dans mon cas, j’ai pensé à regarder les gens alentours de moi. Bien sûr qu’il ne se passerait rien, mais c’était plus fort que moi. Je ne pouvais m’empêcher de penser au fait que nous étions à deux jours du dixième anniversaire et que évidemment, la plupart des gens que je connais me trouvaient audacieux de prendre l’avion vers New York ce jour-là.
Arrivé à New York, une chose me frappe: la présence policière. Habituellement, oui il y a de la police un peu partout. Mais cette journée-là ils sont plus nombreux, à plus d’endroits. Quand nous nous sommes rendu à l’hôtel pour prendre possession de notre chambre, en ouvrant la télé aux nouvelles, on apprend qu’une menace crédible vient de tomber sur les États-Unis. Il semblerait qu’une attaque à la voiture piégée soit imminente. C’était donc ça tous ces policiers! À partir de ce moment-là, même si je ne veux pas y penser car je me dis que ça n’arrivera pas, c’est sûr que les camionnettes dont ils parlent à la télévision, je les regarde du coin de l’œil quand même.
À la fin de la journée, rien de particulier ne s’était produit ne serait-ce que de voir des policiers couper la circulation à une seule voie sur la plupart des grandes artères et fouiller au hasard les voitures, particulièrement les fourgonnettes, à la recherche de quoi au juste? D’une confirmation de la menace.
10 septembre 2011
La deuxième journée s’annonçait semblable à la première en ce sens que je ne me sentais toujours pas plus en danger qu’il ne le fallait. En fait, j’avais l’impression (qui sera confirmée plus tard) que New York est toujours « menacée », mais que dans les alentours du 11 septembre de chaque année, la sécurité se renforce au cas où une autre attaque les viserait pour un anniversaire des attentats. Ainsi, cette journée débute et il ne se passe rien de spécial.
En après-midi, on se rend mon ami et moi au Red Rocket Tattoo pour, dans mon cas, immortaliser cette passion que j’ai pour la ville de New York. Là-bas, lorsque j’ai mentionné à mon tatoueur (excellent, soit dit en passant) que j’avais l’intention de me faire tatouer le pont de Brooklyn avec le World Trade Center et autres édifices, il est resté surpris. Je suppose que ce n’est pas tous les jours qu’un touriste se présente, un 10 septembre, et demande de se faire tatouer le WTC sur le bras. Quoi qu’il en soit, il a accepté de le faire et a fait un excellent boulot! C’est d’ailleurs à cet endroit qu’on a eu la confirmation de mon impression dont je vous parlais un peu plus tôt concernant la menace et la sécurité.
Pour le reste de cette journée, à part qu’on était la veille du 11 septembre 2011, rien de différent à signaler. Sauf peut-être qu’aux nouvelles, on annonçait toujours la menace crédible et qu’un colis suspect avait été trouvé à l’aéroport de Washington et que ce dernier avait dû être évacué. Ça n’annonçait rien de bon pour notre retour prévu le lendemain, le 11 septembre.
11 septembre 2011
Se réveiller à New York à cette date-là, c’est particulier. On sent que la journée qui s’amorce est différente pour les résidents que les 364 autres dans l’année. À peine réveillé, je syntonise le téléviseur à n’importe quelle chaîne de nouvelles et je visionne le début des cérémonies entourant le dixième anniversaire des attentats du 11 septembre. Ensuite, nous quittons l’hôtel pour nous rendre sur les lieux où la cérémonie se passe, soit au nouveau World Trade Center. Quand on commence finalement à s’en approcher réellement, on constate que l’entrée plus proche de l’endroit nous sera impossible. Non seulement la sécurité bloque l’accès à l’exception des familles des victimes, mais les autres se massent et la foule nous décourage quelque peu, surtout avec nos nouvelles œuvres d’art corporelles que nous avons chacun sur nous.
Sommes toutes, nous étions quand même à un ou deux coins de rue du World Trade Center et nous avons pu apercevoir les cérémonies sur un écran géant déployé pour les gens comme nous.
Le soir, nous avions décidé de retourner à l’aéroport avant le souper même si notre vol était prévu uniquement pour 22h40. La raison est simple: la date, la menace et l’aéroport de Washington nous ont convaincu que la sécurité serait terriblement longue à traverser, surtout à John F. Kennedy. Or, c’est plus de 3h30 à l’avance que nous nous sommes présenté aux portes de la sécurité, prêts à devoir attendre. À notre surprise générale, pas de longue file d’attente, pas de mesures spéciales, rien. Un petit quinze minutes plus tard, nous étions assis dans le superbe terminal 5 de Jet Blue en train d’attendre notre vol.
Plusieurs m’ont trouvé fou de voler aux États-Unis le 11 septembre 2011. Pour moi, c’était une expérience spéciale à vivre. Identique au vol de départ, il m’était impossible de ne pas penser à ce qui s’était joué dix ans plus tôt. Il faut dire qu’à la télé satellite de l’avion, on nous présentait de nombreuses émissions spéciales sur les attentats. Impossible de ne pas y penser. Ce fut encore une fois un vol sans anicroche, même très tranquille. Bref, tout pour rassurer mes proches.
Conclusion
Ce voyage ne s’annonçait pas être banal. Finalement, c’est bien vrai, il ne l’a pas été. La présence policière accrue, le tatouage et les cérémonies ont fait de ce voyage quelque chose dont on va se rappeler. Cependant, tout le drame appréhendé ne s’est jamais présenté et en fin de compte, être à New York un 11 septembre ce n’est pas quelque chose d’inquiétant au contraire, c’est une expérience particulière que de sentir le pouls des New Yorkais en cette journée qui les a marqué à jamais.

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